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Rentrée syndicale La Fnsea demande des hausses de prix pour « sauver » les producteurs de viande

La Fnsea, premier syndicat agricole français, a demandé mercredi des hausses de prix pour « sauver » les producteurs de viande bovine et porcine qui sont dans une situation « extrêmement difficile ».

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Jean-Michel Lemétayer, président de la Fnsea.
(© Terre-net Média)
Le matin même, le ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, a promis pour le 14 septembre, lors du salon de l'élevage à Rennes, une série de mesures pour soutenir la filière bovine et porcine. « La distribution française et le gouvernement français doivent accepter des hausses des prix », a affirmé Jean-Michel Lemétayer, président de la Fédération nationale des exploitants agricoles (Fnsea) lors de sa conférence de rentrée. « La bataille du pouvoir d'achat des Français ne peut pas se faire sur le dos des producteurs qui vont disparaître », a-t-il ajouté, demandant également des interventions sur les marchés pour calmer la hausse des matières premières agricoles.

« Je dis clairement que les producteurs ne peuvent pas être la variable d'ajustement du "bordel" des marchés », a asséné le responsable syndical avant d'ajouter : « si on veut faire face à la concurrence ce n'est pas en appuyant sur les prix payés au producteur que l'on va s'en sortir ». La récente envolée des cours a entraîné une augmentation des prix de l'alimentation du bétail et a fait « exploser » les coûts de production, a-t-il expliqué, dénonçant les prix « beaucoup trop bas » payés aux éleveurs.

La grande distribution « veut nier la réalité des marchés » en n'acceptant pas l'augmentation des matières premières selon Jean-Michel Lemétayer

La situation est « extrêmement difficile » et des « milliers » d'éleveurs sont menacés de « faillite », selon lui. « Je demande aux grandes surfaces d'accepter les demandes de hausses qui leur sont faites », a martelé M. Lemétayer, selon lequel la grande distribution « veut nier la réalité des marchés » en n'acceptant pas l'augmentation des matières premières. « Les hausses (de prix, ndlr) ne sont jamais populaires mais sauver les paysans dans nos campagnes, c'est populaire », a estimé le responsable syndical, selon lequel « quelques centimes de hausse payés au producteur de porc, c'est quasiment rien dans l'assiette du consommateur ».

Sur France Info, M. Le Maire a affirmé mercredi matin que son « premier sujet de préoccupation, c'est l'élevage. Nous allons aider les filières, en particulier (...) bovine et porcine, parce que ce sont celles qui souffrent le plus ». Le ministre a précisé qu'il annoncerait un « certain nombre de dispositions pour soutenir ces filières » à l'occasion de sa visite au salon international de l'élevage de Rennes (Space), le 14 septembre. « Elles ont besoin de plus d'organisation, elles ont besoin de soutien public pour mettre aux normes leurs installations, elles ont besoin de réfléchir à la commercialisation des produits, parce qu'il y a une baisse de la consommation, notamment de la viande bovine », a dit M. Le Maire.

Analyse de Dominique Barrau, secrétaire général de la Fnsea


Dominique Barrau, secrétaire général de
la Fnsea (© Terre-net Média)
« Il y a urgence d’agir. Les filières viande ne profitent pas du redressement des marchés agricoles. Pire, elles en sont les premières victimes en ne pouvant pas répercuter sur les prix de vente de leurs animaux la hausse des coûts alimentaires. Or les sommes en jeu sont dérisoires au regard des prix de la viande payés par le consommateur. Autour de 10 euros pour un porc valorisé plus de 1.000 euros vendu au détail au consommateur en ce début de mois de septembre.

Les questions du pouvoir d’achat du consommateur et de compétitivité des filières ne peuvent se résoudre sur le dos des producteurs. Jean-Michel Lemétayer n’a pas hésité à prendre le téléphone pour le rappeler à François Fillon, premier ministre, en lui faisant part de la détérioration de la situation de l’élevage français. En refusant de répercuter les coûts d’alimentation supplémentaires, la grande distribution prend le risque de détruire des filières entières et des milliers d’emplois.

Ainsi, la conjoncture de prix annihile le rééquilibrage des aides dont ont bénéficié les éleveurs de bovins viande dans le cadre du bilan de santé. Et deux menaces pèsent en plus sur eux : la reprise des négociations avec le Mercosur et la sécheresse. La Fnsea refuse que la viande bovine soit une monnaie d’échange. En important davantage de viande bovine outre Atlantique, l’Union importera des prix bas. Mais dès à présent, c’est la sécheresse qui pèse sur les comptes d’exploitation des éleveurs». F.H.

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